Manouches
«… Départ de cette belle aventure qui perdure depuis !»
Rennais par mes études fin des années 1980, je me suis mis à la recherche de thèmes photographiques pouvant être développé sur place et sur le long terme.
J’ai découvert par hasard l’existence de terrains d’accueil des gens du voyage à Rennes . Une population parfaitement invisible à mes yeux ayant grandi et vécu exclusivement sur mon rocher malouin entouré de rempart. Préjugés, mystère et rejet de cette population n’ont fait qu’attiser ma curiosité.
44 ans après je me souviens parfaitement du premier contact.
Après mûre réflexion j’avais jeté mon dévolu sur le terrain d’accueil du canal Saint-Martin. Un dimanche matin brumeux et froid d’hiver, sans repérages préalables dans ce quartier, mon arrivée à vélo dans le terrain fut brutale, bruyante et un imprévue. Surprise intense partagée avec un regroupement d’enfants !
Que pouvait bien faire un « gadgo » un tel jour perché sur son deux-roues ?
De mon côté je vais l’impression d’avoir passé en en clandestinité une frontière d’un pays même pas signalé dans les manuels de géographie, tant le choc fut violent !
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J’ai découvert par hasard l’existence de terrains d’accueil des gens du voyage à Rennes . Une population parfaitement invisible à mes yeux ayant grandi et vécu exclusivement sur mon rocher malouin entouré de rempart. Préjugés, mystère et rejet de cette population n’ont fait qu’attiser ma curiosité.
44 ans après je me souviens parfaitement du premier contact.
Après mûre réflexion j’avais jeté mon dévolu sur le terrain d’accueil du canal Saint-Martin. Un dimanche matin brumeux et froid d’hiver, sans repérages préalables dans ce quartier, mon arrivée à vélo dans le terrain fut brutale, bruyante et un imprévue. Surprise intense partagée avec un regroupement d’enfants !
Que pouvait bien faire un « gadgo » un tel jour perché sur son deux-roues ?
De mon côté je vais l’impression d’avoir passé en en clandestinité une frontière d’un pays même pas signalé dans les manuels de géographie, tant le choc fut violent !
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Des caravanes éparpillées sur un terrain boueux, des carcasses de voitures, des odeurs de plastique brûlé et ces enfants pétillants de vie qui m’entouraient plein de questions dans la bouche concernant la présence, car seuls l’assistante sociale ou les policiers venaient les voir. Je suis surpris la maturité précoce de ces enfants À travers nos discussions et leur comportement.
Lorsque j’ai abordé le sujet de la photographie, j’ai ressenti une légère méfiance en lien avec les contrôles policiers. Mais la photographie, absente de leur quotidien dans la pratique faute d’appareils, pouvait devenir attractive.
Ce premier jour, le terrain d’accueil devint un véritable studio où Les portraits se succédèrent. À aucun moment je n’ai vu les parents, mais je ressentais leur présence derrière les rideaux des caravanes.
Chaque week-end qui suivit les tirages photographiques retrouvaient leurs modèles. La méfiance des parents s’atténuait au cours du temps pour enfin disparaître. Mon addiction au café date de ce moment ou je fus invité de caravane en caravane pour déguster une ou deux tasses j’ai été le bienvenu dans leur univers. Régulièrement nous avons échangé sur leurs conditions de vie, le travail, les enfants, sur le nomadisme encore possible pour certains, impossible pour d’autres fautes de véhicules, sur la religion. Toutes ces discussions se faisaient autour d’un feu ou autour d’une table modestement garnie.
Un jour de cet hiver bien froid, une famille m’invita à assister le soir même À une cérémonie religieuse évangéliste régulièrement organisée sur ce terrain dans un containers de chantier installé et équipé par la ville pour les consultations des assistantes sociales. Je ressentis l’importance de cette invitation gage de cette confiance acquise, impossible de refuser.
Ce fut pour moi un virage voire le point de départ de cette belle aventure qui perdure depuis !
La salle était comble. Certains habitués apportaient leurs chaises. Un grand désordre au départ qui s’organisa petit à petit afin que chacun puisse avoir sa place face À ce bureau d’école qui servait d’autel. La mise en place de tout ce petit monde se fit presque dans le silence, l’ambiance était grave. Soudain les regards se concentrèrent sur un personnage d’une certaine corpulence, sûr de lui, le regard clair, la moustache bien taillée la Bible à la main. Il se fraya un passage pour Atteindre le devant de la scène. Pendant un bref instant il observa toute l’assemblée en détail pour jauger son état. Dans un silence pesant il ouvrit sa bible sur ce bureau, parcourut en silence quelques lignes et releva son regard vers l’auditoire attentif. D’une voix grave et chaude il entama la lecture d’un paragraphe parfaitement adapté au moment. S’en suivirent prêche, chants et témoignages pendant une heure. A l’issu de cette messe la gravité des regards avait disparu laissant place aux sourires, au brouhaha et à l’espoir probablement !
Je venais de faire connaissance de Joseph CASÉACH appeler Tichlam Pasteur évangéliste.
Quelques jours après, j’étais dans sa caravane autour d’un café pour discuter de tout et de mon projet photographique. Jusqu’à cette disparition en 2007 il m’accompagna avec son épouse Gloria à tous mes vernissages.